mardi 15 décembre 2015

Le fou et la Vénus
Charles Beaudelaire

Quelle admirable journée! Le vaste parc se pâme sous l'œil brûlant du soleil, comme la jeunesse sous la domination de l'Amour.
   L'extase universelle des choses ne s'exprime par aucun bruit; les eaux elles-mêmes sont comme endormies. Bien différente des fêtes humaines, c'est ici une orgie silencieuse.
   On dirait qu'une lumière toujours croissante fait de plus en plus étinceler les objets; que les fleurs excitées brûlent du désir de rivaliser avec l'azur du ciel par l'énergie de leurs couleurs, et que la chaleur, rendant visibles les parfums, les fait monter vers l'astre comme des fumées.
   Cependant, dans cette jouissance universelle, j'ai aperçu un être affligé.
   Aux pieds d'une colossale Vénus, un de ces fous artificiels, un de ces bouffons volontaires chargés de faire rire les rois quand le Remords ou l'Ennui les obsède, affublé d'un costume éclatant et ridicule, coiffé de cornes et de sonnettes, tout ramassé contre le piédestal, lève des yeux pleins de larmes vers l'immortelle Déesse.
   Et ses yeux disent: - "Je suis le dernier et le plus solitaire des humains, privé d'amour et d'amitié, et bien inférieur en cela au plus imparfait des animaux.
   Cependant je suis fait, moi aussi, pour comprendre et sentir l'immortelle Beauté! Ah! Déesse! ayez pitié de ma tristesse et de mon délire "
   Mais l'implacable Vénus regarde au loin je ne sais quoi avec ses yeux de marbre.

Le fou et la Vénus est un poème écrit pas Charles Beaudelaire en 1869. Ce poème est bien sûr un poème symboliste, car le symbolisme est né du prolongement de la poésie de Beaudelaire et le fou et la Vénus a été écrit par Beaudelaire. De plus, c'est un poème en prose qui accorde de l'importance aux sensations et aux correspondances. Le poème nous expose ici le thème de la beauté que ce soit celle de la statue ou celle de la nature. La mythologie est un thème également exploité lorsque l'on parle de Vénus. Ce poème d'un ton pathétique nous expose la difficulté d'un poète à comprendre la beauté.

Le poète compare une beauté douce à l'énergie féroce de l'amour. Lorsqu'il parle de calme, de silence ou par l'excitation, le soleil brûlant ou l'énergie. L'allitération en «s» «L'extase universelle des choses ne s'exprime par aucun bruit» nous démontrer la douceur de la nature. À l'opposé, le lyrisme douloureux du poème nous ammène à comprendre la condition de poète lorsque l'auteur nous parle d'un être affligé aux yeux pleins de larmes. Le rythme du poème et sa musicalité  nous fait comprendre l'opposition entre la beauté et la douleur du personnage. Nous percevons aussi la difficulté d'atteindre la beauté lorsque le personnage dit « je suis fait, moi aussi, pour comprendre et sentir l'immortelle Beauté! Ah! Déesse! ayez pitié de ma tristesse et de mon délire » il y a un contraste entre le fou et la Vénus. Lorsque le fou lève les yeux, la Vénus regarde au loin. Alors qu'il pleure, la Vénus reste froide «avec ses yeux de marbre»

Le poète personnifie énormément la nature dans ce poème. Que ce soit lorsque «Le vaste parc se pâme», lorsque «les eaux elles-mêmes sont comme endormies» ou lorsque « les fleurs excitées brûlent du désir de rivaliser avec l'azur du ciel», le poète donne vie à la nature décrite. L'oxymore «orgie silencieuse» nous  démontre bien la comparaison entre la beauté et l'amour. Les comparaisons sont également présentes «Le vaste parc se pâme sous l'œil brûlant du soleil, comme la jeunesse sous la domination de l'Amour» ou «les fait monter vers l'astre comme des fumée». Elles donnent également vie à la nature synonyme de beauté.

Finalement, le poème serait une façon de voir le poète face à la beauté, à l'art ou à la femme, à l'amour. L'impuissance du poète face à ces sentiments puissants. La citation de Depétris «La poésie, ça sert à voir avec les oreilles.» décrit bien le poème, car à l'aide de cette poésie nous pouvons voir cette beauté et aussi la désolation et le désaroi du fou face à cette beauté qui ne se laisse pas apprivoiser.

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