mardi 15 décembre 2015

Vénus
Victor Hugo

Ciel ! un fourmillement emplit l’espace noir,
On entend l’invisible errer et se mouvoir ;
Près de l’homme endormi tout vit dans les ténèbres.
Le crépuscule, plein de figures funèbres,
Soupire ; au fond des bois le daim passe en rêvant ;
A quelque être ignoré qui flotte dans le vent
La pervenche murmure à voix basse : je t’aime !
La clochette bourdonne auprès du chrysanthème
Et lui dit : paysan, qu’as-tu donc à dormir ?
Toute la plaine semble adorer et frémir ;
L’élégant peuplier vers le saule difforme
S’incline ; le buisson caresse l’antre ; l’orme
Au sarment frissonnant tend ses bras convulsifs ;
Les nymphaeas, pour plaire aux nénuphars pensifs,
Dressent hors du flot noir leurs blanches silhouettes ;
Et voici que partout, pêle-mêle, muettes,
S’éveillent, au milieu des joncs et des roseaux,
Regardant leur front pâle au bleu miroir des eaux,
Courbant leur tige, ouvrant leurs yeux, penchant leurs urnes,
Les roses des étangs, ces coquettes nocturnes ;
Des fleurs déesses font des lueurs dans la nuit,
Et, dans les prés, dans l’herbe où rampe un faible bruit,
Dans l’eau, dans la ruine informe et décrépite,
Tout un monde charmant et sinistre palpite.
C’est que là-haut, au fond du ciel mystérieux,
Dans le soir, vaguement splendide et glorieux,
Vénus rayonne, pure, ineffable et sacrée,
Et, vision, remplit d’amour l’ombre effarée.


Analyse

Vénus est un poème écrit par Victor Hugo, un auteur romantique. Dans ce poème, l'auteur décrit la beauté paisible de la nature. Les animaux et les plantes du boisé où se déroule le poème se réveillent pour adorer Vénus, la déesse de la beauté, qui se révèle à eux sous la forme de la planète Vénus.

Le poème comporte une seule strophe en alexandrins. La ponctuation est très importante dans ce poème. À la fin de chaque vers, on retrouve un signe de ponctuation pour indiquer l'intonation du poème. Le poème et rempli de personnifications, ce qui a pour but de rendre humain les plantes et les animaux qui vont adorer leur déesse. Le rythme du poème est régulier grâce aux alexandrins. Habituellement, dans un poème romantique, on devrait retrouver le pronom «je», mais il n'y en a pas dans ce poème. Le poème comporté des rimes suivies.

Ce poème s'inspire de la mythologie romaine. Vénus est la déesse de la beauté. Ce poème se déroule pendant là nuit (un fourmillement empli l'espace noir). Aussi, la planète Vénus est visible dans le ciel étoilé (C’est que là-haut, au fond du ciel mystérieux,-Dans le soir, vaguement splendide et glorieux,-Vénus rayonne, pure, ineffable et sacrée). Si non, en terme de date, ce poème pourrait se passer n'importe quand.

Ces poème ne se conforme pas vraiment au style du romantisme. La période romantique est marquée par l'utilisation du «je». Toutefois, le poème est d'un grand lyrisme, ce qui est fidèle au courant littéraire. Comme dirait Louis Zukofsky:«La poésie, c'est cela. Soudain, on voit quelque chose». Cette citation représente bien le poème de Victor Hugo, car la nature dans ce poème attend la manifestation de la déesse et soudain, elle apparaît. 

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